Le Patrimoine rural de l'Eure
Carte des Pays de l'Eure - Territoires
L'Eure se découvre à travers de nombreux monuments : abbayes, églises, commanderie des templiers à Renneville, châteaux, manoirs seigneuriaux, maisons à pans de bois, moulins, fours à pain, puits, mares et lavoirs, colombiers sont autant de richesses qu'il nous faut préserver.
Département d'art et d'histoire, l'Eure offre la possibilité de belles promenades qui nous font déambuler dans son histoire mais nous font aussi parcourir ses riches champs de céréales et de lin, ses larges horizons bordés de forêts.
L'Eure possède aussi un héritage de la révolution industrielle parfois caché au détour d'une rivière : moulins et forges, ou niché dans les anciennes cités drapières comme Elbeuf ou Louviers. Encore aujourd'hui les villages abritent des unités de teillage du lin sur le plateau du Neubourg et à Saint-Martin du Tilleul.
Le département de l'Eure se compose de territoires variés :
- des pays de plein champs ("open fields") comme Le Vexin Normand, la Campagne du Neubourg, l'Evrecin (autour d'Evreux), la Plaine de Saint André
- des pays de bocage ou de transition comme certaines parties du Vexin, le pays de Lyons, le pays de Madrie, le Roumois, le Lieuvin, le pays d'Ouche
- des pays de Basse Seine avec le Marais Vernier (Pays de Risle-Estuaire)
- Pays de Lyons
Le Pays de Lyons est un massif forestier ouvert par de nombreuses clairières dans lesquelles on retrouve une agriculture sous influence des pays voisins – pays de Bray, pays du Vexin – et une urbanisation lâche à la croisée des chemins. Quelques villages et le gros bourg de Lyons-la-Forêt se nichent dans les petites vallées discrètes de la Lieure et du Fouillebroque.
Aux marges du Pays, la vallée de la Lévrière compose des paysages pittoresques formés de prairies, vergers et boisements.
La vallée industrielle de l'Andelle fait le lien entre le pays de Bray et la vallée de la Seine, séparant le pays de Lyons du plateau de Caux. Au sommet des coteaux très élevés, c'est la forêt et en fond de vallée, ce sont les prairies humides, où s'égrènent régulièrement les villages le long du cours d'eau, dans une urbanisation linéaire liée à la pression urbaine, banalisant le caractère rural des villages d'origine – Charleval, Fleury et Romilly sur Andelle -.
Le bâti du Pays de Lyons est en brique pleine, colombage à pans de bois avec remplissage torchis, silex noir et blond, moellons, petites tuiles et ardoises pour les toitures. Les habitations présentent un aspect massif, simple, constitué d'un niveau à rez-de-chaussée avec grenier sur rabat-grain ou bien de deux niveaux surmontés d'un toit à deux ou quatre pentes.
- Plateau du Neubourg
Le plateau du Neubourg se situe à égale distance d'Elbeuf- Louviers- et Bernay. Il est doté de tous les atouts nécessaires à la production intensive. Il abrite deux unités de teillage de lin qui en font le premier producteur d'Europe. Ses excellents terroirs limoneux lui permettent de cultiver le blé, l'orge, le maïs, la betterave sucrière. Aux élevages de porc, de poulets s'ajoutent les laitières prolifiques.
Dans la plaine du Neubourg l'art des charpentiers et des maçons ont donné lieu à des réalisations inspirées des régions voisines, principalement au niveau des colombages. Le volume des toits est assez peu développé. Des murs de clôture en bauge remplacent parfois les haies vives. Les gros bourgs et les hameaux plus modestes se situent à proximité des vallons et des bois épars.
Sources: "la maison rurale en Haute Normandie" de Jean Louis Boithias et Corinne Mondin, éditions Créer
- Lieuvin
Le pays du Lieuvin est situé à l'extrémité ouest de l'Eure, entre la Charentonne et la Risle ; il est limitrophe du Calvados. On y trouve notamment les villes de Pont-Audemer, Lieurey, Thiberville, Epaigne.
Bernay est à la limite entre le Lieuvin et le Pays d'Ouche.
"Avec le Lieuvin, on pénètre pour de bon dans une zone de bocage naissant qu'on peut qualifier de "mixte". Il s'agit d'un plateau étroit à couverture limoneuse où les paysages de champs ouverts rencontrent de plus en plus souvent l'opposition de champs enclos de haies." (tiré de "La maison rurale en Haute-Normandie", de Jean-Louis Boithias et Corinne Mondin, éditions Créer)
Les prairies faiblement vallonnées occupées par des troupeaux y occupent une place importante même si les champs de céréales et de lin sont prépondérants. La campagne est parsemée de petites fermes d'élevage aux bâtiments assez nombreux et souvent spécialisés, disséminés au milieu d'une cour-herbage parfois encore plantée de pommiers et bordée de haies vives et de taillis.
Dans le Lieuvin, le bâti traditionnel se caractérise par des pans de bois avec des rangées de colombages disposées de façon oblique aux angles des bâtiments.
- Pays d'Ouche
Le Pays d'Ouche, compris entre la Charentonne, la Risle et l'Iton s'inscrit dans un paysage contrasté de plateaux semi-bocagers, de vallées, collines, petits bois et forêts.
L'Ouche des fonds de vallée recelait autrefois une industrie métallurgique artisanale.
Le sol du pays d'Ouche pauvre en limons est essentiellement composé d'argile à silex brun. De ces ressources locales, que les hommes ont su exploiter, une architecture de caractère marque de son empreinte le Pays d'Ouche eurois.
Les bâtiments sont séparés et même éparpillés dans des prés et dans la cour.
L'habitat, isolé est modeste, mais travaillé sur le plan de la forme, édifié en matériaux variés disponibles localement : pan de bois et hourdis de torchis forment le colombage sur un soubassement, remplacé au siècle dernier par des maçonneries composites et appareillées, de briques, silex, moellons, grès, voire grison .
Les toits allongés à deux versants pentus et "à croupes" dessinent la silhouette des villages et des hameaux. Les toits en chaume, ou recouverts de petites tuiles plates de nuances rouges très variées se rencontrent encore mais ont été souvent remplacés (dès le XVIIIe siècle mais surtout au XIXe) par de l'ardoise.
Les menuiseries dans leurs ouvertures animent les façades par leur couleur. Réalisées en bois, les portes et fenêtres s'adaptent aux encadrements qu'ils soient de bois ou briques. Les volets comblent les surfaces de murs vides et monotones lorsqu'ils sont ouverts.
Les haies champêtres clôturent les propriétés et s'intègrent dans le paysage environnant.
Les pommiers et les champs de culture apparaissent intégrés à cette terre.
Au cœur du pays les fermes répondent aux besoins de l'élevage, aussi étables et granges sont des dépendances notables.
- Campagne de Saint-André
- Plateau de Madrie - Evrecin
page en travaux
- Roumois, Pays de Risle-Estuaire
Page en travaux
- Vexin Normand
Bien délimité par la Seine, l'Epte, la forêt de Lyons et l'Andelle, le Vexin Normand est une région de plateaux ondulés et fertiles traversés d'est en ouest par l'ancienne voie romaine Rouen-Paris.
Presqu'entièrement voué à l'agriculture, le Vexin se caractérise par de grandes fermes d'origine médiévale, mais aussi par des abbayes, manoirs et maisons fortes, implantés depuis l'époque romaine et reflets de la richesse locale.
A l'est, la vallée de l'Epte, frontière naturelle de la Normandie de Neuf-Marché - Gisors aux paysages bucoliques de Giverny, a longtemps constitué une ligne de défense avec ses forteresses surplombant ses prairies humides.
Le toit du plateau du Vexin au centre du territoire, forme un paysage ouvert de grandes étendues agricoles sur des terres limoneuses de qualité, ponctuées de bosquets épars sur argile à silex formant lisières des gros villages à la croisée des routes et autour d'Etrépagny.
A la transition du plateau et de la vallée de l'Epte, le Vexin bossu au sud-est forme un relief bosselé composé de failles et effondrement calcaires, souligné par des forêts et boisements, cultures et prairies, où les petits villages en pierre calcaire s'accrochent aux pentes.
Au sud-ouest, la vallée du Gambon prenant sa source au cœur du plateau, rejoint la Seine au niveau des Andelys. C'est une vallée profonde bordée d'espaces naturels sur ses coteaux, ponctuée de grands champs colorés sur ses pentes douces, avec points de vue remarquable comme Château-Gaillard au-dessus de la ville des Andelys nichée en fond de vallée.
Le bâti du Vexin normand est en brique pleine, colombage à pans de bois avec remplissage torchis, silex noir et blond, moellons, petites tuiles et ardoises pour les toitures. Les habitations présentent un aspect massif, simple, constitué d'un niveau à rez-de-chaussée avec grenier sur rabat-grain ou bien de deux niveaux surmontés d'un toit à deux ou quatre pentes.
- Vallée de l'Eure
page en travaux
Les bâtiments de ferme
Dans
nombre
de
fermes
de
Haute-Normandie,
il
existe
des
bâtiments
d'exploitation
de
grande
qualité
architecturale.
Ils
sont
généralement
de
date
plus
ancienne
que
la maison d'habitation, qui elle, dans bien des cas, a été reconstruite au XIXe siècle (le plus souvent en brique).
En
Haute-Normandie
(sauf
dans
le
Vexin
et
le
secteur
de
Vernon),
les
bâtiments
de
ferme
anciens
sont
élevés
en
colombages. Les couvertures d'origine étaient en chaume. Ces bâtiments ont des destinations précises. Leurs dimensions varient en fonction de l'importance de l'exploitation.
GRANGE :
Elle couvre parfois d'énormes surfaces. En particulier lorsqu'elle est « dîmière » (destinée à recevoir la dîme revenant à l'Eglise, soit la 10e partie des récoltes). Aujourd'hui, les granges n'ont plus à recevoir le grain, qui va directement des champs aux silos des coopératives agricoles.
CHARRETTERIE :
Elle est soit attenante à d'autres bâtiments, soit ouverte sur les 4 côtés, la charpente soutenue par de forts piliers de chêne. Lorsque le toit n'est pas trop plongeant, elle peut encore servir de remise.
MANÈGE :
C'était un local circulaire accolé à une grange, un cheval attelé tournant sur place et produisant l'énergie nécessaire au battage à l'intérieur du bâtiment. Rares sont les manèges subsistants.
ÉCURIE, VACHERIE :
Les chevaux ont disparu depuis longtemps, quant à l'élevage, il a tendance à se concentrer. D'où suppression des petites entreprises laitières au bénéfice de grosses exploitations qui nécessitent des structures de stabulation modernes.
Ces mutations fondamentales de l'agriculture rendent sans objet de nombreux bâtiments, dont beaucoup, non entretenus, vont à la ruine.
D'où le mérite des exploitants qui procèdent à la restauration de dépendances auxquelles ils trouvent de nouvelles utilisations.
Des réalisations exemplaires fournissent la preuve que le souci de défense du patrimoine peut fort bien se marier à la rentabilité économique. Citons la transformation de bâtiments annexes en gîtes ruraux, relais équestres, foyers ruraux...
La maison paysanne en Haute Normandie
Elle est, le plus souvent, longue, sans étage, plutôt étroite. A l'origine, on passait d'une pièce à une autre par l'extérieur.
Sauf dans le Vexin et dans le secteur de Vernon, où la dominante est la pierre, la grande majorité des maisons rurales anciennes est en colombages.
C'est seulement dans la 2nde moitié du XIXe siècle que, progressivement, la brique a remplacé le pan de bois.